Falaise
>Articles
Tonsai - Thaïlande
Escalade au paradis
Chaque grimpeur désirant profiter un maximum de son sport favori doit au moins une fois dans sa vie passer du temps à ne faire qu'une seule chose: grimper. C'est avec cette arrière-pensée en moi que je me suis envolé vers l'Asie pour un séjour hivernal à la découverte de l'escalade thaïlandaise. Croyez-moi ou pas, Ao Tonsai est vraiment the place to be. Fin des années '80, début des années '90, quelques grimpeurs passionnés ont échoué sur cette perle acollées à la Mer d'Andaman. Et il n'a pas fallu longtemps pour que d'une perle elle devienne une vénérable mecque de l'escalade.
Départ début décembre. Après quelques difficultés et 24 heures de retard sur mon vol, je décolle enfin vers Bangkok via Londres. 13 heures et quelques lassitudes plus tard, je cherche mon chemin dans le dédale des transports en commun locaux qui doivent m'amener à la station de bus, étape obligatoire pour prendre la navette de nuit vers Krabi. Après avoir été détourné malencontreusement sur la très touristique Khao San Road un taxi me dépose enfin au bon endroit avec quelques autres Belges. 12 heures après je sors de l'enfer complètement détruit pour parcourir les derniers kilomètres me séparant de mon point de chute. Les bruits du mini-bus et du longtailboat forment les derniers sons martelant ma tête avant d'arriver totalement épuisé à Tonsai. Premiers constats: des falaises d'envergure, des palmiers agités, une plage de rêve et un paquet de grimpeurs. Je rencontre assez rapidement les personnes à qui j'ai donné rendez-vous et il suffit d'une demi-heure pour qu'habillé de mon baudrier, je sois pendu au rocher. Les impressions pleuvent? chaleur, humidité et fatigue. Une période d'adaptation semble nécessaire.
Toute une série de choses frappe les esprits: Thaïs colporteurs, environnement sale, brouhaha des longtails et des groupes électrogènes, patronnes de bungalows antipathiques et prix exorbitants. J'avais choisi la haute saison: la meilleure période pour grimper mais probablement la moins bonne pour le porte-monnaie. Et bien qu'on m'ait dit que j'allais pouvoir vivre bon marché, ce ne fut pas vraiment le cas. Au fil du temps les bons tuyaux permettant d'économiser quelques cents ont germé, mais bon...
Tonsai forme avec Railay une entité de la péninsule Pra Nang. L'escalade a tout d'abord fait son entrée à Railay mais Tonsai qui se trouve seulement une colline plus loin se détache du lot depuis bien longtemps. Ceci du fait de l'absence des complexes hôteliers coûteux et de la qualité au moins équivalente du potentiel escalade. Les voies les plus difficiles et les plus impressionnantes trouvent leur place à Tonsai mais on dénombre également une quantité certaine d'immanquables à Railay. La combinaison d'une très grande variété de voies courtes toutes en force, de voies de plusieurs longueurs et de Deep Water Soloing fait de cette presqu'île uniquement accessible par longtail et partie intégrante des parcs nationaux thaïlandais un petit paradis où s'adonner pleinement au sport et au repos mérité est un plaisir. On ne trouve d'ailleurs aucun inconvénient à y grimper sur des voies principalement patinées.
A dire vrai, le calme qui y règne y est relatif. Le tourisme apporte inévitablement son lot d'à-côtés négatifs. Les bungalows poussent comme des mauvaises herbes et sont suivis par les inévitables restaurants et bars qui les côtoient. C'est la fête tous les soirs. Les célèbres soirées Full et NoMoon issues de Koh Pangang sont copiées et commercialisées jusqu'à créer on ne sait quelles WhateverMoon-Parties. Quelques Thaïs locaux se réincarnent en pâle copie de Bob Marley et tombent comme des mouches sur les femmes occidentales. Mieux, le tourisme sexuel est flagrant dans le Knokke le Zoute tout proche, Ao Nang et même à Railay/Pra Nang Beach. Une chance qu'il y a des grimpeurs et la bonne ambiance qui les accompagne.
Malgré tout ce qu'on a pu en écrire, l'endroit ressemble à un véritable eden. L'escalade géniale, les loisirs divers et variés, les bons restaurants légion, le repos à portée de ceux qui le cherchent et une fête possible de temps en temps. Faites toutefois attention aux buckets si vous entreprenez une petite virée. Ce mélange de SamSong (whisky thaï), vodka, coca et LedBull servi dans des petits sauts et consommé au moyen de pailles se boit trop facilement et peut avoir des effets désastreux. Tel fut le cas au réveillon de Noël? A côté de la récupération post-nocture, le temps s'écoule au gré des plongées au tuba ou à la bouteille, des parties de slackline, de billard, des lectures, des massages, des bains de mer ou autre soleil. Et que les petits restaurants locaux vous réservant de temps en temps la surprise d'estomac retourné ne vous surprennent pas. Seul un peu de méditation à l'approche du crépuscule pourra adoucir votre peine. C'est à coup sûr le cas quand le Freedom bar porte à nos oreilles sa douce collection de musique chill-out et disperse pour nous ses coussins bigarés. Encore mieux lorsque les basejumpers ayant élu domicile au dessus du Freedom Bar se mettent à sauter et apportent leur lot de spectacle en restant accrochés aux cactus de la baie de Tonsai. (Est-ce que le nom de Tim Emmett vous dit quelque chose?)
Le seul véritable point négatif qui restera gravé dans mes souvenirs est la pagaille que va créer la destruction d'une ribambelle de bars et de restaurants pour faire place dès le mois d'avril à un complexe hôtelier identique à ceux de Railay. L'augmentation de prix et de touristes d'un tout autre ordre me fait vraiment imaginer le pire pour l'année qui vient.
Where to eat?
YumYum/Sawadee pour ses petit-déjeuners immanquables.
Tena?s pour la nourriture de tous les jours. Bonne, copieuse et bon marché (Pineapple Fried Rice, Pad Thai et Pineapple Fritters sont mes suggestions).
Dream Valley pour le barbecue si vous pouvez vous permettre d'attendre. Avec des très bonnes pizzas si vous désirez manger européen.
Banyan Tree pour le Massaman et les pains à l'ail.
Countryside est comparable au Tena's tant que Klaus est aux fourneaux.
Where to party?
Se relaxer est possible à divers endroits. Si vous pensez fumer une shisha, consommer de la musique chill-out inconnue ou vous asseoir en paix, rendez-vous à Kasbah. Pour les Cafe del Mar, une vue à vous couper le sifflard et profiter d'un billard, direction le Freedom Bar. Les vrais fêtes jusqu'au bout de la nuit avec leur cortège de fêtards aux yeux globuleux ont quant à elles élu domicile au NoName.
Where to sleep?
Tiew Khao est l'alternative la moins coûteuse et la plus agréable de la colline. A l'opposé, Dream Valley fait office de palace de luxe et Pashook d'entre-deux de qualité.
Et l'escalade dans tout ça?
Comme mentionné plus haut, les options à Tonsai et Railay sont diverses et variées. Le topo des lieux est facile à trouver dans plusieurs petits magasins sur Tonsai. Très clair, il vous mettra rapidement sur la voie. Pour vous donner une idée, voici quelques voies à ne pas manquer:
- 6a Groove Tube ? Fire Wall ? Tonsai: la classique avec tickets d'attente. On dirait de loin une autoroute dalleuse. A l'usage, elle s'avère même particulièrement glissante. Mais sans exagérer on peut dire qu'il s'agit d'une voie magnifique.
- 6a+ Fit to be Thaid ? Thaiwand Wall ? Railay: la voie la plus à droite de ce massif, repère de choix pour les écoles d'escalade. Une voie somptueuse sur un mur vertical pas du tout patiné gratifiée d'un agréable tufa.
- 6b Big Wave ? Monkey World ? Tonsai ? voie de plusieurs longueurs: 15 dégaines et 60 mètres de corde vous mènent au sommet en empruntant un succession de 6a+, 6b, 6b et 6b. La vue est splendide, l'escalade est chill, les scellements et relais sont nickels et confortables. Le dernier petit dévers est un beau cadeau et les rappels sont faciles à l'opposé de cet autre itinéraire de plusieurs longueurs: Peyote (7a).
- 6b+ Sit Spins ? Dums? Kitchen ? Tonsai beach: une belle fissure avec une bonne dose de dièdre située à l'intersection entre plage et colline. Un must si vous n'êtes pas habitué au style.
- 6c Dozer Days ? Nest & Wild Kingdom ? Tonsai: une des perles de Tonsai. Un pilier long, surprenant, plein de secrets et extrêmement gratifiant.
- 6c+ Lion King ? Dums? Kitchen ? Tonsai beach : une plaque en forme de S contre le rocher accolé à la plage. Pour y parvenir vous devrez enjamber la file ainsi que les nombreux spectateurs mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Placements de pied exigés.
- 7a The King & I ? Thaiwand Wall ? Railay: un long 7a très complet, avec de nombreux changements de style et quelques mouvements majestueux en plus d'une vue imprenable sur Tonsai et Railay.
- 7a+ Burnt Offerings ? Fire Wall ? Tonsai: la voie photogénique par excellence. Chaque grimpeur possédant plus ou moins le niveau se doit d'y faire une séance photo. Les bi-doigts complexes peuvent rapidement mettre fin à votre essai mais si la photo est réussie, vous vous sentirez obligé d'y retourner pour mettre un terme aux tentatives. Style: grimpe en force sur mouvements très techniques.
- 7b Café Andaman ? Tonsai roof ? Tonsai: une voie traversant LE toit de Tonsai Beach. Beaucoup de monde, beaucoup de spectateurs, des mouvements de bloc et un pas final de toute beauté!
- 7b Cross Eyed ? Melting Wall ? Tonsai: une deuxième nomination dans le même niveau. Cross Eyed est certainement le plus dur 7b de Tonsai mais le laisser de côté est un sacrilège. Une bonne trentaine de mètres de difficulté constante qui se corse encore sur la fin. Acide lactique garanti!
- 7b+ Blind Deaf & Dumb ? Tyrolean Wall ? Tonsai: Tyrolean Wall est le mur le plus technique de Tonsai et Railay réunis. De courts mouvements tout en puissance sont suivies par des séquences sur prises verticales fort soutenues dans lesquelles ne manquent ni les réglettes ni les micro-prises de pied façon Freyr. La voie elle-même s'étire le long d'un toit et d'une ou deux fissures. Un must à essayer absolument.
- 7c Affentanz ? Tyrolean Wall ? Tonsai. A la droite et suivant le même style que la voie décrite ci-dessus. Où les difficultés vont croissantes et vous emmènent jusqu'à la fin.
- 7c+ Rolling Thunder ? Generator Wall ? Tonsai: ce petit massif situé loin sur la colline et qui traîne invariablement son lot de moustiques habrite quelques voies d'anthologie. Si vous désirez jouer à crackclimbing et aux sauts de puce vous trouverez en Pearl Jam 7b une alternative de choix. Toutefois Rolling Thunder reste la beauté du coin. Bien que sur-côtée, je l'ai rajoutée dans la liste pour son niveau abordable. Un no hands rest extraordinaire vous procure le repos nécessaire avant d'attaquer les plats du crux.
Bagages?
Vos chaussons d'escalade, 15 dégaines, une corde de 70 mètres, assez de magnésie (occidentale), votre baudrier, une ou deux sangles, quelques mousquetons, un appareil d'assurage, une frontale, un short, un maillot de bain et un essui sont tout ce dont vous aurez besoin pour un séjour réussi.
Avec de tels accessoires vous pourrez aller partout: voie courte, bloc, itinéraires de plusieurs longueurs et DWS vont vous promener jusque dans les hautes sphères du plaisir et peut-être aurez-vous même la chance d'aller jeter un coup d'oeil aux profondeurs des océans. Les superettes de Tonsai pourvoieront quant à elles à tout le nécessaire.
Tijl
Vous devez être enregistré pour laisser un commentaire
Se logger
S'inscrire
Les archives des articles
Actualité
Compétition Que retenir du Championnat de Belgique de bloc 2015?
Le dernier Championnat de Belgique de bloc 2015 a vu le sacre de Simon Lorenzi et Chloé Caulier. Devant une assistance clairsemée de par la proximité des vacances, les deux grimpeurs ont affirmé leur supériorité avec beaucoup d'aisance.
Escalade en salle Hungaria fermée, quelles sont les alternatives d'escalade à Leuven?
A Leuven, une ère s'est achevée ce 30 décembre 2015. la salle d'escalade Hungaria y a définitivement fermé ses portes. D'aucuns diront que c'est tout un pan de l'histoire de l'escalade belge qui se termine. Quel futur pour les grimpeurs locaux?