UIAA Flanders Worldcup 2005

Ambiance dans le chaudron de Klimax

Après le succès répété des compétitions Goldfinger, la salle d'escalade Klimax accueillait ce week-end et pour la deuxième fois une manche de la UIAA Worldcup. L'occasion pour le public de voir en action les meilleurs grimpeurs du moment pendant deux jours consécutifs. Et pour l'équipe du BCN, de vous préparer quelques jolis articles.

Dépaysement total à Puurs. Au contraire de la plupart des manches de la Coupe du Monde, pas de gros dévers ici mais des voies offrant un cocktail détonant alternant entre force pure et technique. Cocktail que certains eurent du mal à avaler cette année comme en 2004... Il va sans dire que la tâche fut dure pour tout le monde. Des voies de 8a et 7b+ en qualifications, 8b et 8a en demi-finale et 8b+ (8c?) et 8a+ en finale attendaient les participants. Aux commandes? François Legrand, pas inconnu des lieux, accompagné par l'équipe d'ouvreurs locale.

Avec un panel de grimpeurs aussi relevé, la compétition ne pouvait que bien se dérouler. Les qualifications donnèrent cependant du fil à retordre à certains qui terminèrent là leur parcours en Belgique: la déception de l'Italienne Jenny Lavarda et les chutes prématurées de Yuji Hirayama et Sylvain Millet, tous deux détenteurs d'un niveau 9a en falaise.

Du côté belge, seuls Olivier Favresse, Muriel Sarkany et les soeurs Graftiaux purent se placer en bonne ordre pour les demi-finales. A noter l'absence remarquée de notre compatriote Nicolas Favresse. En cause, l'eau de la rivière de Siurana, vraisemblablement pas si saine qu'on aimerait l'imaginer...

26 dames eurent donc la joie de se retrouver au deuxième stade de la compétition, parmi lesquelles 14 avaient réussi la voie précédente. C'est Alix Graftiaux qui permit à l'assistance de se réveiller pour la première fois. Avec son style d'escalade tout en finesse elle grimpa relativement haut et accrocha une belle 16ème place. Sa soeur Chloé assura quelques mouvements supplémentaires pour terminer 13ème. Les autres prestations significatives de la demi furent à mettre à l'actif de la Japonaise Yuka Kobayashi, qui se mit en difficulté dès les premiers mouvements mais qui atteignit finalement les 3/4 de la voie à deux prises de la finale. Autre grimpeuse, autre style, dans le chef de Barbara Bacher qui étonna le public par son escalade plutôt buldozer. Par la suite, ce furent des salves d'applaudissements qui accueillirent Muriel Sarkany. Elle grimpa dans le style qu'on lui connait (lent et contrôlé) mais échoua de peu à trois prises du sommet. Dernière à passer, Angela Eiter ne nous surprit pas en adoptant un style aussi lent que celui de Muriel. Elle parvint néanmoins à sortir la voie là où toutes les autres concurrentes avaient échoué.

Olivier Favresse fut quant à lui le seul représentant masculin à défendre les couleurs de la Belgique. Après un beau combat qui le mena à la moitié de la voie, on se rendit vite compte que cela ne suffirait pas pour atteindre la finale.
Même si le premier passage clef de la 5ème dégaine freina les ardeurs de quelques-uns, c'est au niveau de la deuxième vague que le spectacle allait être donné. Jorg Verhoeven fut un des premiers à y parvenir. Atteignant le rétablissement en quelque 2 minutes et 31 secondes il chuta à une paire de mouvements de la fin. Juste le temps de laisser sa place à Alexandre Chabot qui dépassa ses concurrents de la tête et des épaules. Seul Ramon Julian Puigblanque, le plus petit de la bande, put offrir une performance équivalente. De bonne augure pour la suite.

Place aux finales ou plutôt à la pause qui permit à François Legrand et son équipe d'ouvrir les derniers passages. Et quels passages! Le Français sut parfaitement comment faire monter l'ambiance. Elle ne tarda d'ailleurs pas à se faire sentir à l'ouverture de la salle au public. Une véritable déferlante de spectacteurs se rua sur les places laissées vacantes. Il serait de bonne augure que l'année prochaine, elles soient numérotées, de sorte que les gens puissent profiter du spectacle dans les meilleures conditions...

La voie des dames proposa aux grimpeuses une multitude de problèmes à décomposer en trois parties: première partie technique, deuxième partie en traversée dans du dévers pour finir toute en finesse. Sandrine Levet attira sur elle toute l'attention en imaginant dès le départ un repos assez créatif. Un repos salvateur puisqu'elle sortit la voie sans trop de problèmes apparents. Il semblait même que Maja Vidmar allait réitérer la prestation. Elle agrippa le bac final d'une main mais ne parvint pas à revenir dessus...
La favorite du public, Muriel Sarkany put compter sur un tonnerre d'applaudissements pour lui remonter le moral à bloc, s'il ne l'avait pas encore été. Son escalade fut pourtant hésitante à certains endroits ce qui ne lui permit que d'atteindre les dernières prises de la voie et pas la sortie. Pas assez toutefois pour évacuer la jeune garde du podium. Ce fut d'ailleurs la populaire Natalija Gros, vainqueur l'année passée, qui fut la grande déception du jour. Pas seulement à cause de sa nouvelle couleur de cheveux, mais surtout par ses mouvements plutôt incertains. Prestation rapidement éclipsée par la superbe performance de l'Autrichienne de 19 ans, Angela Eiter. Elle fit aussi bien qu'en qualifications et demi-finale! Elle réussit la voie sans faire preuve d'une grande difficulté!

Au tour des hommes de se tétaniser les avant-bras! La finale avait de quoi faire peur dès le début avec une séquence bloc plutôt sérieuse. Cédric Lachat dut d'ailleurs s'en mordre les doigts en deuxième partie de voie tellement son entrée en matière fut chaotique. Thomas Mrazek, vainqueur de l'année dernière, eut visiblement beaucoup de facilité pour se sortir de cette première partie. Jusqu'à son crochet de pointe dévastateur... qui lui joua un mauvais tour et l'éjecta à la huitième place loin derrière les meilleurs.
Le crochet de talon d'Alexandre Chabot fut par contre tout aussi impressionnant mais eut le mérite supplémentaire de tenir. Flavio Crespi fut à deux doigts de mettre tout le monde d'accord lorsqu'il arriva en vue du bac final. Son pied heurta une prise qui passait par là et le renvoya sur le deuxième marche du podium... Dernier concurrent à se montrer: le petit espagnol Ramon Julian Puigblanque eut l'occasion de nous prouver que le style dynamique propre aux grimpeurs de sa taille était une arme des plus redoutables. Infatiguable jusqu'au bout il courut littéralement de prise en prise sans véritablement s'arrêter. Un jeté sur le bac final le renvoya au sol, victoire en poche.

Restaient aux grimpeurs à fêter cela dignement. L'organisation leur procura à cet effet de quoi se sustenter: une petite ou grande bouteille de la célèbre bière locale Duvel...

La soirée n'en était pas pour autant terminée. Le célèbre spécialiste de bigwall Andy Kirkpatrick eut l'occasion de présenter à ses fans, d'une façon tout à fait humoristique, ses aventures sur El Cap ou sur Les Drus. Le temps pour chacun de se préparer à la suite: une nuit de repos ou une soirée de délire.

Kevin Ost & Sofie Lummerzheim

Traduction: Hubert Canart

 

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