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Ready, Attention ... Start

Expérience de juge international

7 juin 2007, 

Pour identifier comment tout a commencé, pas besoin de théorie grandiloquente de type Big-Bang, seulement un "oui" prononcé en réponse à une question toute simple.

Un mois et demi plus tard - nous sommes en mars 2005 - je marche dans les rues brumeuses de la petite localité de Imst en Autriche. Tout y est grimpable, hormis quand la Polizei locale s'aventure à proximité de nos lieux de sévice. Le lendemain je suis convié avec 26 autres juges de 10 pays dans une trop petite salle de réunion attenante au mur d'escalade de Imst (dans la salle-même cela n'aurait pas été très productif). Toute notre attention se reporte sur les petites lettres et les phrases alambiquées du règlement international d'escalade de compétition.

Suivent 4 jours de questions-réponses sur l'escalade lead, bloc et vitesse accompagné de démonstration du "Device" par ni plus ni moins que le Russe Alexander Piratinski. ?You know, speed is the future?, yeah right... Une fois passé l'examen obligatoire terminant en débat (encore un) nous sommes les victimes d'un poisson d'avril qui nous laisse littéralement bouche-bée (eh oui, les Suédois connaissent également le 1er avril, ce qui n'est pas le cas de nos amis de l'ancien bloc de l'Est). Il est grand temps de profiter des pistes de ski autrichiennes pour une journée de "détente". Une dizaine de chutes (en ce compris saltos et collision contre un rocher) et quelques regards compréhensifs de Steven et Gwendolyn plus tard, les conséquences de cette journée se font sentir à fleur de peau... Que voulez-vous, six ans sans skier.

Et parce que la théorie suffit rarement, la coupe du Monde de Puurs me permet d'expérimenter le côté pratique de la chose en avril 2005. La sensation est étrange. Avec du recul, ce premier stage est resté gravé dans ma mémoire pour une seule et unique raison: les applaudissements pour le dernier grimpeur. Non pas les applaudissements eux-mêmes mais le silence qui s'abattit dans la salle immédiatement après, synonyme de compilation des résultats pour les juges. Quelque chose d'imvraisemblable sachant que je tapais moi-même dans mes mains un an plus tôt.

Wim Verhoeven et François Legrand attentifs

Après ce match à domicile, il est temps de voler vers d'autres cieux. Début juin 2005, un voyage vers Fiera s'inscrit à mon programme. Malgré une organisation plutôt italienne (domani domani, vous savez), tout finit par s'emboîter, jusqu'à ce qu'une panne de courant nocture de quelques secondes devienne la source d'une pagaille incommensurable. Des souvenirs ? Jérôme Meyer: lecture du bloc, veste au sol, casquette sur le tapis, randonnée dans la voie, remise de la casquette, de la veste, repos. Emilie Abgrall: mordante, mais finalement jeune demoiselle fort sympathique qui s'ébroue à chaque échec dans un bloc mais qui parvient à canaliser pour donner le meilleur au final. Pas pour rien qu'en France on l'appelle ?Mademoiselle dernière minute?.

Comme si une panne de courant ne suffisait pas, nous revivons l'expérience une semaine plus tard à Zurich. Un orage de chaleur éclate au moment où Muriel Sarkany tape son essai, projetant toute la salle dans la pénombre. Heureusement Muriel ne s'effraie pas et reprend sa course une fois la lumière revenue, pour sortir finalement. A Zurich, l'effet des substances dopantes sur les prestations éclate également au grand jour: le local Cédric Lachat ayant fêté sa victoire au Champagne se lance une nouvelle fois dans la voie de finale et l'enchaîne les doigts dans le nez. Peut-être que e baiser de sa dulcinée ait eu ici son influence...

Une semaine plus tard tous ces grimpeurs se retrouvent à Chamonix pour une compétition magnifique dans un décor difficile à égaler. Angela Eiter randonne à ChamonixAprès que Chloé Graftiaux se soit rapidement imposé à l'Open Jeunes de Chamonix (encore merci Chloé pour les regards médusés des Français), il est temps de se focaliser sur les stars internationales. Chamonix est bel et bien passée reine en matière de spectacle. La preuve par deux. Tout d'abord, lors de la compétition de vitesse où les Russes se lancent comme des fusées Soyuz au son de Eye of the Tiger et des mots Ready ? Attention ? Go. A la grande joie de leur accompagnateur Alexander Piratinski (pour les Russes l'escalade de vitesse a plus de valeur que l'escalade de difficulté). Ensuite pour la dizaine de milliers de grimpeurs descendus des montagnes pour assister à cet événement. Le 13 juillet, place à la finale de la difficulté. Alexandre Chabot enchaîne la voie mais hors du temps réglementaire (inaudible du fait des acclamations de la foule), ce qui le conduit en super-finale en compagnie de Paxti Usobiaga. Pour les Français, pas de 14 juillet sans feux d'artifice. Les 5.000 spectateurs profitent donc des jeux de lumière pendant que les ouvreurs améliorent la voie des femmes et que Chabot sèche ses larmes. Une demi-heure plus tard, les deux refont leur apparition et c'est finalement le Français qui remporte la victoire dans "sa" Chamonix.

Après une longue période de repos, avril 2006 arrive au balcon. Temps d'organiser à Puurs la première compétition de difficulté de la saison. Ce fut à nouveau un grand spectacle suivi cette fois-ci haut perché dans la salle. La croix bleue de Muriel, les prestations des teenagers David Lama et Charlotte Durif (tous deux 15 ans et faisant pâlir de jalousie leurs aînés), Chloé en finale et les petits doigts de Natalija Gross me restent en mémoire.

Gérôme Pouvreau habille son dossardMa formation de juge international prend fin à Hall près d'Innsbruck en juin 2006. A première vue une compétition de bloc rondement menée. C'était sans compter sur les caprices de la nouvelle coqueluche autrichienne David Lama "forcé" de participer. Totalement démotivé il cabriole dans les cinq premiers problèmes (seulement un top) pour donner le meilleur de lui-même dans le dernier. Sous une pluie d'encouragement il parvient à réussir le jeté de départ au 16ème essai pour enchaîner la voie à 2 secondes de l'échéance. En demi-finale et finale il démontre qu'avec un peu de motivation rien n'est impossible. Pour sa première participation en bloc, il remporte sa première coupe du monde. Quoi de plus à Hall? Chloé Graftiaux qui parvient à nouveau en finale et les nouveaux sponsors de Gérôme Pouvreau (c'est sûr il est certainement payé en nature).

Beaucoup se demanderont maintenant s'il existe des histoires à raconter au sujet des différentes worldcupparty?s. L'honnêteté m'impose de dire qu'après deux jours de compétition, un verre et mon lit me suffisent amplement. Les grimpeurs quant à eux savent qu'une bière les attend après la compétition et on les retrouve très souvent sur les dancefloors. Pour les preuves, je vous convie vivement à consulter le site de Tomas Mrazek où vous pourrez découvrir une belle brochette de photos (en ce compris quelques-unes du très timide David Lama complètement transformé après quelques verres).

Pour identifier comment tout cela va se terminer, pas besoin de théorie grandiloquente sur les trous noirs, seulement cette réponse "Reposez-moi la question dans 5 à 10 ans".

Lieven

 


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