Loïc Timmermans

Pulvérisateur de records

14 octobre 2010,

Mi-septembre Loïc Timmermans, 15 ans, est parvenu à décrocher une médaille d'argent aux Championnats du Monde Jeune qui se déroulaient à Edimbourg en Ecosse. C'est dans la foulée que nous nous sommes jetés sur lui pour le soumettre à la question. Depuis lors il semble que l'entraînement en falaise de cet été ait porté ces fruits puisque début octobre Loïc est revenu de Veliko Tarnovo avec une victoire en European Youth Series. Voici ses impressions sur les Championnats du Monde, l'équipe, la falaise et comment il vit l'escalade au quotidien:

Belclimb: Félicitations pour ta deuxième place à Edimbourg. Parles-nous de ce weekend?

Loïc: Les qualifications se sont passées sans encombre. Là où d'autres ont éprouvé des difficultés, je n'ai pas eu de problèmes. Je passais 54ème et j'avais donc suffisamment de temps pour bien étudier la voie (ndlr. grimpée flash). Bref, je savais exactement quoi faire dans les derniers mouvements. La deuxième voie fut encore plus simple au vu du nombre de personnes qui sont parvenues à l'enchaîner.

J'ai accédé à la demi-finale avec une première place provisoire, ce qui me classait parmi les meilleurs. Le stress était bel et bien présent mais l'expérience accumulée a pris le dessus. Je suis parvenu à sortir la voie sans grandes difficultés. Ce qui n'était pas une évidence a gonflé mon moral à bloc pour les finales.

Lors du dernier round je me suis battu comme je ne l'avais jamais fait. J'étais en confiance mais je n'osais pas penser à la victoire. Tous les grimpeurs à ce stade de la compétition pouvaient prétendre à la première place. Je devais passer dernier et le bruit de la foule m'a vite fait comprendre que ça grimpait bien. Lorsque j'ai vu Sébastien Berthe pointer deux doigts après ma chute j'ai su que j'avais été battu par le meilleur.

Tu as accumulé pas mal d'expérience en falaise cet été. Notamment en enchaînant deux 8c et quelques autres prestations d'envergure. On aurait dit que tu avais la forme de ta vie. Penses-tu pouvoir encore progresser et qu'est-ce qui fera la différence?

Je pense que je peux encore évoluer à vue. C'est chouette et enrichissant de s'entraîner à vue en tentant d'improviser et de corriger instantanément ses mouvements. Cette année, j'ai l'impression de ne pas avoir vraiment progressé en compétition mais tout se joue dans la tête. Je ne suis pas plus fort qu'il y a quelques mois mais j'ai la confiance en plus.

Comment différencie-tu escalade en falaise, en salle et en compet?

Aucune comparaison n'est possible. Pour moi l'escalade en falaise s'apparente plutôt à des vacances. Evoluer, découvrir sans jamais planifier comme en vue d'une compétition d'escalade. Je participe aux compétitions parce que c'est chouette de tenter à chaque fois d'obtenir de meilleurs résultats. Apprécier son évolution et pouvoir à nouveau rivaliser avec des concurrents rend aussi cela unique.

Que penses-tu des rats de laboratoire, autrement dit les grimpeurs qui ne s'entraînent qu'en salle?

Je pense que tout le monde peut avoir son avis sur l'escalade en salle et en falaise mais selon moi, ils se démotiveront plus vite que ceux qui alternent les deux. A certaines périodes de l'année, je me considère moi-même comme un rat de laboratoire mais je suis très motivé et je sais que pendant les vacances, je pourrai me défoncer en falaise.

Après Raphaël Fernandez, Mathilde Brumagne, ton frère Michaël et Jérôme De Boeck tu es le xième grimpeur que nous interviewons qui est inévitablement relié à Christophe Depotter. Et juste au moment où tu obtenais l'argent aux Championnats du Monde et l'or en EYS, Mathilde réussissait à décrocher l'argent en Coupe du Monde Senior. Quel est le rôle de Chris dans votre réussite?

Chris m'accompagne depuis mes débuts. Cela fait 7 ans que nous nous entraînons ensemble et il me connaît sur le bout des doigts. Je luis fais 100% confiance. Il ne dira ou ne fera pas quelque chose sans raison et cela compte.

Comment se fait-il que tu aimes tant ce sport?

J'ai plongé immédiatement dans l'escalade grâce à mon frère Michaël. On dirait que je suis né dedans. J'ai essayé d'autres sports comme le tennis mais cela ne m'a pas fasciné autant. Quand je prends deux jours de repos il n'y a qu'une chose que je veuille faire, c'est aller grimper. Je n'en ai jamais assez. Bien que… quand je m'entraîne trop longtemps seul, sans partenaire ou coach, cela commence à peser. L'été dernier je me suis beaucoup entraîné avec Mathilde et cela m'a beaucoup motivé. Je pense que la plupart des grimpeurs seraient d'accord avec moi.

Aussi bien Michaël que toi avez eu la chance de faire vos primaires en Néerlandais. Comment un bilingue comme toi vit-il l'ambiance dans l'équipe belge?

L'ambiance est à chaque fois meilleure parce que tout le monde se connaît maintenant et s'encourage mutuellement en compet. C'est d'ailleurs marrant de voir comment frnacophones et néerlandophones essaient de se parler. Une très chouette atmosphère.

Et maintenant l'avocat du diable: en tant qu'ado, as-tu assez de temps à côté de l'escalade pour profiter de la vie ou est-ce qu'un dévouement complet s'impose?

J'ai ma vie de grimpeur et ma vie d'étudiant. Dans chacune d'entre elles j'ai des amis et dans chacune d'entre elles, j'ai suffisamment de temps pour en profiter. Mes amis savent que je pars souvent en compet et que je ne pourrai pas être là pour une raison ou une autre mais ils me soutiennent à fond dans ma vie de grimpeur.

Sponsors : Petzl, 5.10, Stone Age, CAB

Tijl

Le site de Loïc Timmermans

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