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Interview avec Dave MacLeod

Interview avec Dave MacLeod

9 avril 2009, 

L'Ecossais Dave MacLeod est probablement un des grimpeurs les plus polyvalents au Monde: 9a en escalade sportive, M10 en mix sans assurance et la voie en trad la plus dure du moment. Début 2009 il a enchaîné le projet de James Pearson The Walk of Life, E12.

Dave a aussi un paquet de premières à son nom, mais son principal projet s'appelle cependant Echo Wall, le plus difficile et le plus dangereux qu'il ait entrepris jusqu'à ce jour.
Echo Wall
est une voie en trad sur la face Nord du Ben Nevis, le plus haut sommet d'Ecosse. Le niveau de la voie est estimé à 8c, dans un environnement hostile. A peine au pied de la voie que les conditions rappellent qu'on se trouve en terrain ennemi. Le crux à la fin d'Echo Wall a néanmoins failli lui coûter la vie. L'ascension a été filmée par son épouse Claire.

A l'invitation du Leuvense Universitaire Alpinisten Klub (LUAK), Dave s'est rendu à Leuven le 20 mars dernier. Le lendemain il rendait visite à la mecque de l'escalade Belge (Freyr pour ne pas la citer). Il y a grimpé un 8b+ ainsi qu'un 8a (à vue) au Pape (lisez ceci). Je l'ai harcelé à la fin de la journée pour qu'il réponde à quelques questions.

Julie-Anna: Comment as-tu trouvé Freyr?
Dave:
Très jolie et les voies que j'ai grimpées étaient vraiment sympas. Ces derniers temps, j'ai eu pas mal de problèmes avec la météo. En Ecosse je n'ai pas vu un rayon de soleil depuis quatre mois. De fait ces premiers rayons de soleil de l'année m'ont fait le plus grand bien. Heureusement pour moi, je ne grimpe pas souvent au soleil.

Comment rester motivé lorsque, comme toi, on fait principalement des ascensions dangereuses?
Parce que je trouve ça génial! J'adore chercher des voies qui semblent impossibles à gravir au premier coup d'oeil. C'est vraiment jouissif de finalement réussir une ligne qui a demandé tellement d'effort et de dévotion. Tu dois d'abord vouloir grimper une voie, ensuite ça marche. Pas l'inverse. En tous cas, c'est le cas pour moi. De plus j'ai la chance de vivre dans une région avec des tonnes de lignes dures qui doivent encore être grimpées. Quand je trouve un projet qui me fascine, je ne pense plus qu'à lui, je me focalise. J'ai ainsi consacré pas mal de temps à la préparation physique et mentale pour Echo Wall. J'ai grimpé du 8c en solo, amené mon niveau en escalade sportive jusque 9a et fais en sorte d'être extrêmement ajusté au moment voulu.

Tu as chuté dans la partie supérieure d'Echo Wall. Cela aurait pu être fatal. Comme gères-tu ce risque?
Je pense constamment aux risques, mais mon truc, c'est de gravir les voies les plus dangereuses d'une façon sécurisée. Ces voies sont seulement dangereuses quand tu chutes. Tu dois rester humble et choisir le bon moment. Et naturellement tu dois connaître tes capacités. Si tu t'en fous complètement, c'est là que ces ascensions deviennent périlleuses. J'ai toujours un ‘worst-case scenario’ dans ma poche pour les ascensions dangereuses pour savoir quoi faire dans le cas où ça tournerait mal. Par exemple, désescalader ou sauter au bon moment. Cependant, dès que je suis dans la voie, je ne pense qu'à mon escalade. Plus elle est dangereuse, plus la focalisation est intense. Avec le temps, je commence à connaître mes points forts et mes faiblesses et j'ai assez de discipline pour attendre le bon moment. Tout doit être parfait: aussi bien physiquement que mentalement. Sans parler des conditions naturellement.

On a beaucoup entendu parler de tes ascensions en Ecosse, mais est-ce que tu es aussi intéressé par les Alpes?
J'ai déjà pas mal grimpé dans les Alpes mais pas ces quatre dernières années. Depuis lors on apporte beaucoup d'attention à mes ascensions. C'est pourquoi je grimpe beaucoup dans les Dolomites. J'ai même essayé Bellavista (voie de plusieurs longueurs jusque 8c dans les Dolomites) d'Alex Huber, mais ce n'était pas le bon moment. J'aimerais vraiment plus grimper dans les Alpes: de nouveau essayer Bellavista et me rendre à Chamonix. Les big walls de l'île de Baffin me tapent dans l'oeil, mais je n'ai pas encore de projet concret. Le problème là reste celui de conserver sa condition physique.

Tu es plutôt très polyvalent. Quel aspect préfères-tu?
Le bloc. Ce n'est pas difficile à organiser. Pas besoin de beaucoup de temps ni de beaucoup de matériel. Une fois que tu en fais, c'est très soutenu. Je peux grimper à une très haute intensité et une fois que j'arrête, je me sens tout à fait détendu. C'est une très belle combinaison. J'ai même d'ailleurs pensé à arrêter les autres disciplines pour me consacrer full-time au bloc, mais finalement j'ai aussi besoin des autres aspects. Rien ne remplace l'intensité d'une ascension en trad très dure ou l'apaisement ressenti après une dure voie en mix.

Et quel est celui que tu préfères le moins?
L'attente des bonnes conditions, du beau temps. Je n'aime pas rester longtemps éloigner de ma maison et de Claire. J'éprouve pas mal de difficulté à attendre les bonnes conditions pour les ascensions hivernales en Ecosse. Et cela devient pire avec le temps. Difficile de maintenir une motivation et une condition optimale pendant l'attente.
De plus je n'aime pas le froid, ni trop de soleil. En fait, le temps gris et le froid écossais me conviennent parfaitement! (Rires)

Quand as-tu commencé l'escalade?
A 15 ans, je vivais dans le centre de Glasgow et en repérant les environs à vélo, j'ai découvert Dumbarton. J'amenais parfois des potes là-bas et après quelques temps pas mal de gens ont pris la direction de Dumbarton, certains pour grimper, d'autres pour simplement se détendre. Ce qui faisait le charme de l'escalade, c'était l'absence de règles et de pression. Seulement le rocher. Je n'aimais pas le sport à l'école à cause des règles et de l'esprit de compétitions.

Quels sont tes projets pour les prochains mois?
Je vais prochainement à Siurana. Je vais plus que vraisembleblement essayer La Rambla (9a+). Ensuite la saison de trad va commencer. J'ai quelques projets sur les îles dans le Nord. Un mur de 220m sur une île du Nord de l'Ecosse et un de 400 mètres en bord de mer. On grimpe rarement sur ces deux rochers. J'ai aussi quelques projets en bloc près du Ben Nevis, un 8B+ et un 8C. Et tout ce que je fais maintenant, c'est mon entraînement pour la saison prochaine. Il en va tout le temps comme ça.

Blog: www.davemacleod.com/

Un petit extrait du palmarès de Dave:

Hivernale
 Don't Die of Ignorance XI,11 Ben Nevis. Ground-up 1st ascent, 2008

Trad
 Rhapsody, E11 7a, Dumbarton Rock, 1st ascent 2006
 To Hell and Back , E10 6c, Cairngorm, 1st ascent 2007
 Trauma, E8 7a, Llanberis 2007

Escalade sportive
 A Muerte 9a, Siurana 2007
 Metalcore 8c+, The Anvil 2007
 L'Odi Social 8c+, Siurana 2007

Bloc
 Sanction Font 8b, Dumbarton 2007
 Perfect Crime Font 8b, first ascent, Dumbarton 2005
 Super Size Me Font 8b, second ascent, Dumbarton 2006

Dry tooling
 
Vertical Limit M11, Uschinen, Switzerland, 2004

Awards
 
Golden Piton award for trad climbing 2006


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