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Canyoning en Lombardie

Canyoning en Lombardie

24 juillet 2008, 

Jamais le canyoning ne m’est apparu autant un sport de plein air que courant août 2007 en Lombardie. Je me trouve à 11 heures de voiture de Bruxelles dans un canyon paradisiaque écrasé sous pluie intense. Le baromètre indique crue, et le camping est complètement vide. Mais tout comme l’eau, le canyoniste trouve toujours une sortie.

Nous l’avons trouvé. A la lecture du topo de Lombardie et sur base des histoires corsées que nous avons pu entendre, nous embarquons à trois, direction le Nord de l’Italie. Au programme, des perles comme Ferro, Cormor, Boggia (ou Bodengo), Bares et Perlana. Les cinq canyons sont tous situés dans la région du Lac de Côme et de la petite ville de Sondrio. Le fait que ces canyons obtiennent entre 3,5 et 4 sur une échelle de 4 pour “Bellezza” et “Interesse” n’est pas pour tempérer notre enthousiasme.

Ferro sous la pluie

Nous commençons par Ferro. Ce canyon a élu domicile dans le Val di Mello, haut perché dans le Val Masino, une vallée pas si inconnue des grimpeurs. Vertical, il comptabilise deux chutes d’eau spectaculaires de 50 et 55 mètres chacune, qui sont visibles de bien loin dans la vallée. De par son ouverture, il offre en plus un magnifique panorama.
Le canyon de Ferro est connu pour son débit intense et n’a pas volé sa réputation. Du début à la fin le débit est ce qu’on peut appeler sportif. Il est clair que cette partie de l’Italie a peu vécu l’été, et les nuages gris dans la vallée ne promettent que peu d’amélioration. Cependant les chutes d’eau découpées dans des plaques de granit s’écoulent très largement comme des embouchures d’écluse. Une atmosphère magnifique, et pour le moment une descente tout à fait praticable. Plus difficiles seront les deux couloirs étroits que compte le canyon.
Le premier resserrement ne pose guère de souci. Le deuxième, qui mène à l’avant-dernier point d’ancrage, nous impose une recherche assidue du meilleur point de chute dans l’eau déchaînée.

Entre-temps, la pluie tant redoutée se met à tomber. Temporairement assez légère mais dans des vallées comme celle de Mello cela en reste rarement là. Nous nous dépêchons de rejoindre la dernière cascade du canyon qui est aussi la plus haute. Vu qu’elle est large et ouverte, on en profite à fond. Mais pendant la récupération des cordes emmêlées comme des spaghettis au bas des 55 mètres, les vannes des nuages s’ouvrent au maximum.

Rien ne les retient. Des bacs d’eau se déversent du ciel pendant la soirée et au cours de la nuit. Et pire encore, les sites météo d’Italie, de Suisse et de France prévoient orage, pluie et humidité pour les alternatives comme le Piemont, le Tessin et même les Alpes Maritimes. Quand nous nous levons sous une pluie battante le lendemain matin il est clair que nous pouvons oublier Bares et Boggia (canyons aquatiques de 7h30 et 9 heures) ainsi que Cormor (un canyon souterrain). Pendant ce temps-là le Ferro est en crue, spectaculaire et angoissant à la fois. Nous démontons la tente et embarquons comme des touristes noyés vers Milan.

Après une journée dans la ville de la Mode, une lueur d’espoir apparaît à l’horizon. Les premières éclaircies s’annoncent pour la province de Brescia, dans l’Est de la Lombardie, et dans les alentours du Lac de Garde. Il semblerait que nos vacances canyoning noyées peuvent être sauvées. Après une heure et demie de route nous nous trouvons effectivement sous un soleil blinquant. La vue sur le lac est magnifique. Malheureusement pour nous, un accident de la route nous bloque plus de deux heures dans un tunnel. Notre projet du jour s’envole en fumée.

Baes ou Paradis des surfeurs?

A trois jours de la fin du séjour, nous prévoyons encore de visiter trois canyons: Baes, Vione et Palvico. Baes est un petit canyon avec, en général, peu d’eau – ce qui n’est pas du tout le cas cette fois-ci -, mais avec une chute d’eau panoramique de 46 mètres sur le Lac de Garde. Tout aussi spectaculaire est le sentier qui serpente sur la falaise de la terrasse du café des surfeurs au départ du canyon. Une navette n’est donc pas nécessaire. Après un début assez fade, un rappel de 25 mètres débouche sur deux rappels panoramiques, à commencer par le plus beau et le plus haut. Suit une série de petits rappels et un passage à travers une conque pour enfin se terminer sur la plage des surfeurs.

Vione, poubelle à ciel ouvert...

La fin du Vione se situe à à peine 50 mètres de là. On peut apercevoir le dernier rappel de l’autre côté de la plage de caillou. Dans le topo il est catalogué comme le plus beau et le plus ensoleillé des canyons de la Riviera dei Limoni.
Le Vione se compose de deux parties, chacune avec une chute d’eau de 45 mètres. La première partie est dans les faits la plus ouverte et clairement la plus populaire. En témoigne le groupe de touristes se baladant avec leur guide dans le canyon. La deuxième partie s’annonce comme beaucoup plus étroite et encaissée.
La première partie est sympa mais sans plus. Avec un peu plus d’eau un toboggan de 15 à 20 mètres aurait pu trouver sa place, c’est ce qui nous a semblé après coup. Le score de 3,5 et 4 mentionné dans le topo pour la beauté et l’intérêt est vraiment surfait. Surtout parce que le plus dur reste à faire. Après le pont nous entamons la deuxième partie. En dessous du premier rappel de 7 mètres et près du début de la partie étroite du canyon un affluent du Vione vient se jeter dans la rivière. L’affluent semble être l’égoût de Piovere, le petit village situé en amont. Nous voyons le canyon se remplir d’une eau grise et puante. C’est en fait fini du côté bucolique. Une échappatoire nous sauve mais nous sommes vraiment dégoûtés.

Palvico, à conseiller

Nous jetons nos dernières cartes sur Palvico. Ce canyon se trouve à une encablure du Lac de Garde, à peu de choses près à une grosse demi-heure de Riva Del Garda (files à Riva non incluses). La petite rivière plonge dès le début dans une combe étroite et de plus en plus profonde. Le cadre est splendide, même si pas très spectaculaire. Dans la première partie nous nous trouvons principalement face à beaucoup de mouvements d’escalade accompagnés de quelques petits rappels. Juste avec le collecteur d’eau, un premier saut. Mais l’eau n’était pas si profonde.
Le beau morceau débute au barrage. Nous rejoignons une cuvette sombre via un rappel de 20 mètres. Ce qui suit est un enchaînement de petits rappels dans un incroyable décor fermé. Avec le peu de lumière qui pénètre dans le canyon, l’eau glaciale nous transperce comme une épée. La balade souterraine termine aussi brutalement qu’elle a commencé. L’avant-dernier rappel de +/- 8 mètres nous mène dans un petit bassin qui forme une sorte de fenêtre dans le canyon. Car à la pointe du bassin l’eau chute de 50 mètres dans une piscine d’un bleu profond.
Génial, ce petit canyon. Un seul désavantage: nous ne sommes pas les seuls à trouver que ce canyon est une perle. Vous ne serez donc pas seuls à l’emprunter.

Dietger

 

Topo

Canyoning in Lombardia, Pascal Van Duin, 2007, Edizioni TopCanyon.
Lisez également cet article.


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