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François Legrand

The Big se reconvertit

6 mai 2005, 

Qui ne connaît pas François Legrand ? Plus que tout autre, il a écumé et gagné les compétitions d?escalade aux quatre coins de la planète. Du début des années ?90 jusqu?en 2003, sa présence sur une compétition imposait à elle seule le respect à la jeune génération. Difficile effectivement de faire mieux que The Big (sauf peut-être pour notre compatriote Muriel Sarkany) : cinq fois vainqueur de la Coupe du Monde et trois fois Champion du Monde? Aux dires-même de l?interessé, il y a bien longtemps qu?il a arrêté de compter ses victoires. Les coupes sont d?ailleurs reléguées au placard hormis quelques-unes dont le célèbre trophée Goldfinger gagné à Puurs en 2000.

Les ouvreurs en actionPlace au futur effectivement. Après une carrière riche en succès, François Legrand entame la dure et longue reconversion qui attend tout athlète de haut niveau.

Au crépuscule qui a suivi la fin de la Coupe du Monde de Puurs, où il jouait pour la première fois le rôle de chef ouvreur, nous avons passé quelques minutes avec lui pour découvrir le personnage. Quelques pauvres minutes qui n?ont naturellement pas suffi pour le cerner complètement. Il en aurait fallu bien plus?

BCN: Après tant d?années passées à participer aux compétitions, risque-t-on encore de voir François Legrand avec un maillot de compétiteur sur le dos ?
François: Non, mon passé de grimpeur-compétiteur est définitivement révolu. J?ai eu 35 ans en mars de cette année. Il est temps que je pense au futur !

BCN: Explique-nous ce que tu fais pour le moment ?
François: En plus de mes activités d?ouvreur, j?ai lancé il y a un an une association escalade à Aix-en-Provence (Flex). Les activités du club tournent autour de la formation, des sorties en falaise, des voyages à l?étranger et j?en passe?

BCN: C?est un grand changement ?
François: Oui, tout à fait. Cependant, cela reste complètement lié à la grimpe. Il faut savoir que le Sud de la France n?est pas le paradis de l?escalade que l?on pense. Malgré la multitude de rochers, l?activité n?est pas du tout structurée pour le moment. Là où le Sud était à la pointe il y a dix ans, il accuse aujourd?hui un retard par rapport à la plupart des régions de France.

BCN: Est-ce que s?appeler Legrand ouvre des portes ?
François: Effectivement, c?est un atout. Toutefois le travail à fournir est immense. Je sais que tout ne changera pas du jour au lendemain mais les résultats dans les environs d?Aix sont très positifs. Nous sommes parfois obligés de refuser du monde?

François, maître d'ouvrageBCN: La dernière fois que tu étais venu à Puurs, c?était pour gagner la première édition de Goldfinger. Maintenant, tu y viens en tant que chef ouvreur, de quoi s?agit-il ?
François: Le chef ouvreur est imposé par l?ICC (ndlr : ICC = International Council for Competition Climbing) tout comme les membres du jury. J?ai donc été envoyé ici en ma qualité d?ouvreur international officiel.

BCN: Est-ce que l?organisation peut choisir le chef ouvreur qu?elle désire ?
François: Non pas du tout. C?est l?iCC sous la coordination de Jacky Godoffe qui impose un ouvreur. Aujourd?hui il n?est donc plus possible de choisir un copain ou un ouvreur qui favoriserait le style de tel ou tel grimpeur, ce qui était le cas par le passé.

BCN: Tu reviens donc à Puurs. Est-ce que c?est difficile d?ouvrir dans une salle pareille ?
François: Chaque mur a son style. Ce n?est pas plus difficile qu?ailleurs. Personnellement j?aime les murs hauts avec une fin technique où le grimpeur doit garder toute sa lucidité pour sortir. Comme à Serre-Chevalier en France par exemple.

BCN: Pas vraiment évident ici ?
François: Non, d?autant plus que j?ai essayé d?imposer des voies de 35 mouvements minimum. Cela nous a obligé à faire des petites boucles sur la partie supérieure des voies tout en préservant une cohérence dans la ligne. Cela plaît aux grimpeurs parce qu?ils peuvent enchaîner beaucoup de mouvements sans mousquetonner. Et forcément cela favorise le spectacle.

BCN: Est-ce que la collaboration avec l?équipe locale s?est bien passée (Christian Rolfs, Michel de Vogel, Fred Van Driessche et Bert Van Lint) ?
François: Oui, même si, comme partout, il y a eu des prises de tête ! Chacun campe sur ses positions et quelqu?un doit trancher.

Consciencieux jusqu'au boutBCN: Est-ce qu?il t?est déjà arrivé de te tromper dans une ouverture ?
François: Oui, une fois à Aprica en Italie. Une grimpeuse avait réussi à cliper la dernière dégaine à partir de prises inférieures et puis n?avait pas su attraper le bac final? Dans l?ensemble, j?essaie toutefois de rester fort consciencieux dans mon travail, ce qui évite de faire des erreurs. Le fait aussi de rester à niveau est très important. Je m?entraîne en ce moment en vue de projets en falaise.

BCN: Après l?édition 2004 où on avait entendu beaucoup d?échos négatifs sur l?ouverture, les grimpeurs ont l?air beaucoup plus satisfait. Est-ce aussi ton avis ?
François: Oui, j?ai reçu de bons échos. Même de Sandrine (Levet). Enchaîner la voie de finale et se retrouver classée deuxième sur base des résultats des voies précédentes n?est jamais sympa. Néanmoins, elle reste très contente de sa performance.

BCN: A cinq ans d?intervalle, que penses-tu de cette compétition ?
François: La première était déjà très bien organisée, ce qui est rare dès la première édition. Aujourd?hui on voit que la compétition est bien rôdée. Avec le mur extérieur qu?on nous promet (ndlr : pour 2007), ce sera encore mieux. Et puis, c?est si rare de se faire remercier à la fin d?une compétition. Parfois, les organisateurs ont juste le temps de remercier les sponsors. On en retire une certaine satisfaction.

Interview réalisée par Hubert Canart


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