Grimper à Brest

Concours articles 2005

8 novembre 2005,

Paris, 15 avril 2005. Les choses se mettent en place petit à petit. Mon stage de laboratoire pendant les mois de mai et juin aura lieu à Brest. Ce que je redoutais depuis des mois est enfin arrivé. Les clichés resurgissent dans ma tête. Décidément, que faire dans un coin aussi reculé de l'Hexagone? Cela ne doit pas être pour rien qu'un dicton breton dit: S'il ne pleut pas, c'est qu'il va pleuvoir. Quelques recherches via Google me font cependant espérer: Grimper au Nord de Morlaix (avec un topo gratuit!), Pen Hir et un site Internet du Club Alpin Francais (CAF) de Brest.

Rade de Brest

Brest, 09 mai 2005. Mon premier souci revient à trouver une salle d'escalade pour entretenir mon niveau pendant les deux mois qui s'annoncent. Le site du CAF Brest m'avait renseigné l'existence d'un mur d'escalade (mur de Kerichen) à Brest. Je pars en reconnaissance et parcours les gymnases autour du Lycée de Kerichen. Drôle d'expérience que d'entrer dans une salle en ne sachant pas ce qu'on trouvera derrière la porte. Certaines halls sont mêmes abandonnés mais les portes n'en sont pas fermées. Une chose est sûre, on pratique le sport dans cette ville. Cependant, pas de mur d'escalade en vue aujourd'hui. Je décide de trouver l'adresse correcte dans un cybercafé.

Mercredi, 11 mai 2005. La chance a tourné, j'ai enfin retrouvé la trace du mur d'escalade. Matériel en bandouillère, je marche littéralement sur la pointe de pied pour me donner le sentiment de faire de l'escalade.
Sur place, je rencontre Jef, moniteur d'escalade et en quelque sorte coordinateur de toutes les activités du CAF Brest. Avec du recul, on peut considérer que notre conversation fut plutôt dingue... Les sujets en sont variés: des différentes possibilités de grimper en indoor dans cette ville à l'impossibilité de s'inscrire au club pour une durée de deux mois et au final, qu'il est de toute façon possible de grimper dans les parages. Les opportunités qu'offre le mur sont à l'image de sa hauteur: limitées (4 à 5m), mais nous sommes contents d'user un peu nos chaussons en grimpant en tête bien sûr. Jef m'invite à aller découvrir Argol ce week-end. J'enregistre son numéro de GSM et m'en vais, ces quelques notes d'espoir dans mon sac.

Argol

Samedi, 14 mai 2005. Il est 13h00. J'ai rendez-vous avec Jef au mur de Kerichen. J'en profite pour faire la connaissance de Pierre-Yves et Colette. Nous embarquons corde et set de dégaines supplémentaire et regagnons la voie expresse direction Quimper. Le temps est au beau fixe.
Je feuillete le topo que Jef vient juste d'acheter: Escalade en Presqu?île de Crozon. Autant dire le nouveau topo de Pen Hir. On y trouve également une description du site d'Argol. Arrivé dans le village typiquement breton d'Argol, à mi-chemin entre la Rade de Brest et la Baie de Douarnenez, nous sommes rejoints par Bertrand. Sans le savoir à ce moment-là, c'est ce groupe qui va me faire découvrir les plus beaux coins de Bretagne pendant les 2 mois de mon séjour.
Heureusement que Jef m'accompagne, sans quoi je n'aurais rien pu trouver. La journée d'escalade est récréative. Nous grimpons ?El Cador? (5) et ?Toit et moi? (4+) au secteur ?La grande face? et terminons la journée avec un ?Sex and wax? plus physique (6a+). Le rocher calcaire armoricain a une texture particulièrement complexe, qui demande une certaine adaptation. Le massif constitué de voies de 8 à 20 m repose dans une ambiance tranquille et offre une superbe vue sur les prés de cette île accueillante.

Mercredi, 25 mai 2005. Je fais la connaissance d'une des facettes les plus agréables de ce séjour à Brest, la grimpe en rocher après les heures de bureau. A 20 minutes de voiture, à l'opposé de la Rade de Brest se trouvent 4 petits massifs (voir topo ?Escalade à Plougastel d?Aoulas?). Le soleil nous entoure de sa chaleur bienfaisante. Un vrai plaisir que de terminer la journée au secteur le Cube. Les voies sont ici un tantinet plus sportives. Ma première expérience (?Biskoaz Kemend All? (5+) m'apprend rapidement la façon de procéder sur ce massif ?dalleux? en léger dévers. Cela porte un nom: l'endurance. Dans La Face (6a) je fais la connaissance avec le roi du vol. No comment...
Le soleil couchant est doux et la vue sur la Rade de Brest est impayable. Pour clôturer cette journée mémorable nous faisons un tour dans Fraggle Rock (6a), une voie courte et plutôt hard sur la Face Ouest.

Samedi, 28 mai 2005. Je peux enfin sortir de terre le topo ?Grimper au Nord de Morlaix? que j'avais trouvé sur le web avant mon départ. Aujourd'hui nous allons grimper à Primel-Trégastel. Il est 9h45, un coup de fil de Jef me sort du lit. Pas de problème, même si j'ai oublié mon réveil, je suis partant. Je ne les abandonne pas.
Je perds du temps autour de Morlaix, car le topo n'est pas très clair et je me suis probablement trompé d'une sortie. Après quelques questionnements je trouve enfin mon chemin direction Plougasnou via Marleur. A la Pointe de Primel il nous faut encore trouver la petite rue qui mène au bon parking. La journée s'annonce à nouveau des plus ensoleillées. Le temps est splendide. Jef, Pierre-Yves, Bertrand et toute la troupe ne sont pas de mon avis. Je les vois déjà trottiner à travers champ vers le premier secteur. J'ai pris soin de prendre mon crashpad, le topo indiquant des possibilités de bloc. Nous nous échauffons sur le massif le plus proche: Défense de gerber, car nous devons attendre marée basse avant de traverser vers l'île de Primel. Le vent lui aussi est présent en masse, mais l'effet du soleil en altère les nuisances. Juste après l'heure du midi, la traversée a lieu. En cette saison, toute la flore se pare de mille feux et c'est une vue magnifique qui nous attend au pied des blocs marqués comme à Fontainebleau. On ne grimpe pas beaucoup ici. La plupart des blocs doivent être nettoyés avant de tenter le moindre essai. Nous terminons la journée au secteur des Dalles grises.

Le lendemain, la plupart d'entre nous affichent une belle mine rosée? Jamais nous n'aurions pensé attraper un coup de soleil ici... L'énergie ne nous a cependant pas abandonné. Nous en avons assez pour une randonnée entre la Pointe Penharn et la Pointe de Van et retour via Cléden-Cap-Sizun. Le panorama de la Pointe de Castelmeur est époustouflant, De l'autre côté de la baie, nous pouvons apercevoir les soubresauts de Pen Hir.

Samedi, 04 juin 2005. J'ai reçu un coup de fil d'un ami à Paris pour le week-end. Il me demande si je veux le rejoindre dans la capitale pour aller grimper à Fontainebleau. Il ne me faut pas longtemps pour décliner l'invitation. J'ai littéralement mordu à l'hameçon de Breizh, comme les Bretons appellent leur région.
De plus c'est une sortie attendue depuis longtemps qui est au programme de ce week-end: les rochers mythiques à l'estrême pointe de Pen-Hir. Pas pour rien que c'est le massif le plus connu et le plus fréquenté de Bretagne. Je pars avec Pierre-Yves et nous nous arrêtons à Plougastel et le Faou pour choper Rémy et Bertrand. La route est longue en comparaison avec la distance à vol d'oiseau, mais les possibilités d'escalade et la nature sauvage dépassent toutes nos attentes. Nous prévoyons de visiter un terrain d'aventure (les casques sont dans nos sacs) et cette fois-ci nous n'avons pas oublié la crème solaire. La journée débute sur ?La Dalle de Paul?. Le ressac s'entend en dessous du massif pendant que je grimpe ?La voie blanche? (5+) et ?Tribord? (4b). Cette falaise est agréablement protégée du vent, qu'il est impossible d'oublier ici. La proximité de la mer donne une toute nouvelle dimension à l'escalade.
Dans l'après-midi nous déménageons vers la ?Dalle des pêcheurs?. Mes nouveaux chaussons d'escalade s'adaptent décidément de plus en plus à mes pieds. L'ambiance est totalement indescriptible.

Pen-Hir

Weekend, 11 et 12 juin 2005. Je file faire quelques courses avant de partit en weekend à Mont-Dol, situé à deux heures de route de Brest. Sur ma liste de commission: sauce spaghetti, vin rouge, ?quatre quart? breton, brioche, chips et... bières belges. Croisons les doigts pour que quelqu'un ait pensé à acheter des pâtes. Je fais également un détour par le Décathlon du coin pour remplir mon sac à pof. Nous sommes samedi matin et je quitte Brest avec Jef et Philippe, accompagné par Bertrand, Stéphane, Hubert et Tony. Une joyeuse bande pour une excursion pareille. Après une visite au secteur la Pyramide d'un premier massif, nous volons vers le Hangar où nous passerons le reste du week-end. L'escalade à Mont Dol est en général très technique et requiert une bonne technique de pied. Le travail sur réglette fait de temps en temps penser à Bleau et certaines sorties de voies demandent une certaine dose d'engagement. Une nouvelle fois nous profitons d'un temps rayonnant pendant tout le week-end. Selon moi ce cliché sur la météo en Bretagne est totalement dépassé et mon opinion à ce sujet a tôt fait de changer du tout au tout. Le résultat de quelques semaines d'escalade outdoor commencent à se sentir et est accéléré par le caractère technique des voies du coin. Certaines voies sont principalement constituées d'un pas de bloc. Les conseils de Stéphane et Hubert sont les bienvenus.

Mercredi, 14 juin 2005. Personne n'a trouvé le temps pour grimper aujourd'hui et je décide de faire une reconnaissance des massifs de l'autre côté de la Rade de Brest: l?Impératrice et l?Impérator. Je ne dois pas chercher longtemps. Après avoir traversé le pont de la voie expresse direction Quimper, l?Impératrice pointe le bout de son nez à gauche. Les souvenirs du chemin décrit par Jef sont encore tous frais dans ma mémoire. Je croise des grimpeurs d'un autre club de Brest, mais personne de ma connaissance. C'est sûr, pas d'escalade pour moi aujourd'hui. Il ne me reste plus qu'à réaliser l'ascension de l?Impérator par le sentier. En haut, la vue sur la Rade est magnifique et à cette heure, c'est à un coucher de soleil somptueux auquel je dois m'attendre. J'en profite pour prendre quelques belles photos. Je reviens ici une semaine plus tard pour tenter ?Gruyères? (4), ?Facile? (4+) et ?J?m?échauffe et je reviens? (6a).

Samedi, 25 juin 2005. Le jour d'une nouvelle virée avec le groupe qui m'a désormais adopté. A nouveau un site différent. Il n'y a vraiment pas de limite aux possibilités qu'offre la région. C'est la dernière sortie d'une longue série et une surprise m'attend.

Aujourd'hui, nous roulons vers Chateaulin, à la recherche du viaduc de Trémélé. Il fait plutôt couvert et froid après les quelques jours de canicule, mais il fait sec. Le viaduc se situe le long d'une vieille voie ferrée désaffectée et traverse une vallée oubliée par Dieu lui-même. Des prises artificielles nous attendent sur les parois de l'édifice. La ?terrasse? est notre objectif et sous le relais ce sont des mouvements pas très élégants qui nous sont promis. Bien que l'ambiance nature ne soit pas présente à 100%, l'escalade ici a tout de même un petit peu de charme. Le cadre est d'ailleurs spécialement photogénique.

Il est 17h20 et je fais mes adieux à Bertrand, Pierre-Yves et Colette. Je profite de cette dernière sorite pour offir au club ?Europe ? Sport Vertical?. Je retourne à Brest en compagnie de Jef. Nos discussions tournent autour de la propriété des falaises en France, autour de la sécurité et de la responsabilité, atour des conditions d'existence du club et finalement autour de plus rien. Mes souvenirs resurgissent et je pense à la somme d'expériences emmagasinées dans la région ainsi que la façon dont tout cela a commencé. L'accueil du CAF Brest fut vraiment exceptionnel...

Liens

Topos

Escalade à
PLOUGASTEL-D AOULAS
sites: l?Impératrice, l?Impérator, le Cube & le Serpent ;
auteur : CAF BREST 2003
Escalade en Presqu?île de Crozon
sites: Pen-Hir en Argol ;
auteur : Comité Départemental FFME Finistère 2004
Escalade en Haute Bretagne
sites: Mont Dol,...
auteur : CAF 1991)