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5-10-2013

Zodiac, histoire d'une ascension au Yosemite

Dans les arcanes de l'artif

jean-louis wertz

Zodiac. Ce n’est pas un bateau mais la pureté de fissure verticale dans une vallée où To-to-kon oo-lah est roi.

La première et la dernière fois que j’ai fait de l’artif, je préfère ne plus y penser ! Voilà, bon OK je vous le raconte. C’était à Pépinster dans le Vieux boucau. Une voie que je connaissais parfaitement en libre. J’ai donc essayé de la faire en artif, sensations zéro, oubli de clipper une protection, chute pas loin du sol, psychotage en regardant un coinceur prendre sa forme tout doucement lors de son enfoncement dans la fissure… Plus jamais ça. Trop de peur !

Plus tard, certainement à l’ombre d’une bière, me voilà projeté au pied de Zodiac au Yosemite! Voie que je vais tenter en artif ! Drôle d’idée penserez-vous que de gravir cette voie mètre par mètre en enfonçant du métal dans la roche pour après se hisser dessus. Je me suis dit que le granite était certainement meilleur pour l’artif que le calcaire et la perspective de mettre un bon piton de temps à autre me rassurait. En dernier recours bien sûr. Car nous voulons grimper cette voie en clean. C’est-à-dire avec des friends et des nuts qui ne déforment pas la roche à la force du marteau. Après le premier jour, nous avons fixé les deux premières longueurs tout en surmontant ma peur lors d’une progression sur deux copperhead. Cela ressemble plus ou moins à deux espèces de cotons-tiges que l’on colle sur le mur avec un chewing-gum. Hormis ce passage, la voie est parfaitement safe pour placer tout type de protection.
Le deuxième jour, nous sommes au deuxième relais pour une aventure qui durera sept nuits avec trois haulbag (sac de hissage) pour deux, des livres, un jeu d’échec et trois litres de vin pour faire passer les longues soirées d’hiver. Et oui, nous sommes en effet en plein mois de décembre 2006. La météo annonce deux jours de mauvais temps le lundi et le jeudi. Tout bon pour les condis, j’aime beaucoup l’idée de regarder tranquillement tomber la neige bien au sec. En effet, il y a une espèce d’assiette à soupe en position verticale qui rend tout le milieu de Zodiac à l’abri de la neige.

Anecdote... J’ai pris un plomb de nuit d’une dizaine de mètres en criant comme une fille avec des friends qui jouait la tyrolienne sur mon pontet...

Cette voie fut un grand succès. Nous sommes parvenus à nous protéger à temps des chutes de neige et surtout avons énormément appris de ce jeu lent de l’escalade artificielle. Mais j’oublie quelques anecdotes. Hormis un épisode où un vent ascensionnel soufflait la neige entre le portaledge et le fly avec une bonne ambiance boules de neige, j’ai gagné de multiples fois aux échecs. Nous sommes arrivés au sommet alors que la neige avait presque fondu. J’ai pesté tous les jours d’avoir laissé mon pantalon en polar dans la voiture alors qu’il était au fond de mon sursac de couchage. J’ai pris un plomb de nuit d’une dizaine de mètres en criant comme une fille avec des friends qui jouait la tyrolienne sur mon pontet. Je remercie encore le Ball nut qui m’a retenu et dont j’ai fait cadeau à Sean Villanueva (bon débarras), j’ai réussi à passer sur des gouttes d’eau plutôt que de placer des copperhead (grande victoire). Nous avons lancé le troisième haulbag du sommet avec le fly comme parachute, arrivée impeccable ( ps : c’est très interdit surtout quand il a des gens en dessous). Je vous ai à peu près tout dit pour rester bref.

Oui Zodiac sur le massif d’El Capitan est majeur pour commencer l’artif. Cette voie est tracée dans ce mur de granit à droite du célèbre "Nose" avec au sommet une vue superbe sur le massif de "Half Dome". Comme débutants, nous avions une moyenne de 3-4 heures par longueur donc 2 à 3 longueurs par jour. En fait, je crois que c’était proportionnel au niveau du vin !

Amis lecteurs.
Merci à vous et surtout à mon partenaire Nicolas Favresse.

Jean Louis

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