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2-10-2008

Worldcup Puurs: pour ou contre le spectacle?

Hube

L’IFSC (International Federation of Sport Climbing) semble opérer une véritable mutation depuis quelques mois. Suite à sa séparation à l’amiable de l’UIAA début 2007, c’est la course effrénée pour atteindre l’objectif ultime, celui de porter l’escalade sportive au niveau des éligibles pour le concert olympique.
Pour avoir été saoulé d’olympisme pendant tout le mois d’août on se fait vite à l’idée de ce que représenterait pour le sport une présence lors de jeux aussi prestigieux. Un tremplin pour plus de reconnaissance et naturellement la manne pécuniaire qui va avec. L'IFSC a à cet effet fait acte de présence officielle aux JO de Pékin par l'intermédiaire de son président Marco Scolaris (lire ce document).

Les mauvaises expériences ont néanmoins la vie dure. On se souviendra de l’épisode du dernier Championnat d’Europe d’Ekaterinburg où l’épreuve de bloc avait été annulée pour non respect des dispositifs de sécurité par les organisateurs. Cette année la Coupe du Monde prévue à Belgrade a été supprimée en dernière minute pour les mêmes raisons. Seulement, la différence avec la précédente est que les grimpeurs n’avaient pas encore fait le déplacement, ce qui augure d’une plus grande sévérité de la part de l’IFSC par rapport aux organisations dilettantes. On le comprendra, organiser un événement officiel devient de plus en plus difficile.

Le week-end dernier à Puurs, les organisateurs ont corrigé les petits accros de l’année passée. Plus de dépassement d’horaire. Une personne à chaque poste clef. Des activités pour combler les moments creux. Irréprochable. A l’issue de l’épreuve, les représentants de la fédération internationale ont plus que probablement eu le même sentiment que le public: la Coupe du Monde de Puurs est un des événements escalade les mieux gérés au Monde.

Reste l’aspect spectacle. Pour assurer le show, l’IFSC adapte régulièrement les règles : imposition du flash pendant les qualifications de la difficulté à partir de l’année prochaine ; lecture commune des voies en bloc et raccourcissement drastique des temps de passage depuis cette année. A l'origine de cette dernière règle, une demande introduite par les grimpeurs eux-mêmes lors de la Commission des athlètes qui s'est tenue en décembre 2007 à Paris. C’est ainsi que les compétiteurs doivent réussir leur voie de qualification en 6 minutes et leur voie de finale en 8.

Même si le Russe Sergey Sinitsyn est parvenu au sommet du mur de vitesse en 7 secondes 57 centièmes, le doute s’installe quand il s’agit de grimper à vue un 8b+ de 55 mouvements en 8 minutes… A voir l’état de fraîcheur du vainqueur Ramon Julian Puigblanque en fin de voie (il aligne trois mouvements consécutifs sans les pieds et deux blocages à un bras alors qu’il grimpe depuis 7m30s), on peut se demander si quelques minutes de plus ne lui auraient pas permis d’aller jusqu’au bout. « Je pense que sortir la voie en 8 minutes aurait vraiment été très difficile. Pour ma part, j’ai préféré l’année passée lorsqu’on avait 15 minutes en finale. C’était beaucoup plus évident… 10 minutes auraient été l’idéal ». Dans le public les impressions sont mitigées. Claire, spectatrice avertie de compétitions d’escalade : « On aurait voulu qu’ils aient un peu plus de temps pour le spectacle. Ici ils sont tombés trop tôt ». Comme qui dirait un goût de trop peu…

Les questions affluent. Pour rendre le sport attractif, en viendra-t-on à faire de l’escalade de difficulté une course de vitesse ? Klimax II sera-t-il déclassé parce que trop haut ?
A en croire le Français Romain Desgranges l’épreuve de Puurs était « la première du circuit 2008 a proposé des voies si longues ».

A vouloir le mieux, on en vient souvent à obtenir le pire. L’escalade se professionnalise mais ses règlements vont parfois à l'encontre même des objectifs fixés : assurer le spectacle. Une pratique redondante dans de nombreuses fédérations internationales…

Hube
Photos: Traveladdict.be