Avant d'imprimer, pensez à l'environnement!Avant d'imprimer, pensez à l'environnement!

5-7-2001

Le plus espagnol de tous les Belges, ou l'inverse...

Interview avec Hector Delcampo (1)

Hube

Massive attack, 8a, el EscorialIl y a en certains qui profitent de temps en temps. Mais il y en a pour qui l?escalade sous toutes ces formes a une signification bien particulière. Celle-ci a souvent la forme d?un engagement un peu plus important que la moyenne, par des paroles ou des actes. Hector Delcampo l?est plutôt par ses actes, lui qui a pour la première fois fait conjuguer jeunesse et performance en Belgique. Avant même tout ceux que nous connaissons, Hector faisait preuve d?un talent inouï et c?était en 1990. Autant dire qu?il a de quoi raconter. Voici la première partie de son interview (en français).

BCN: Si je ne me trompe pas, tu as commencé l?escalade avant même que s?ouvrent en Belgique les premières salles comme Terres-Neuves ou New Rock. Peux-tu nous expliquer tes débuts dans l?escalade et nous dire un mot des personnes que tu fréquentais dans le milieu de l?époque?

H.D.: J'ai commencé a grimper en 1987, quand j'avais 11 ans. J'étais en vacances chez mes grands-parents dans les Asturies (nord de l'Espagne) et un ami m'a dit que je devais essayer l'escalade. Je n'étais pas trop chaud mais il m'a quand-même convaincu. Mon premier contact avec le rocher fut un pas de bloc: j'ai tout de suite aimé ! Après quelques voies, j'avais vraiment l'impression que je venais de trouver quelque chose. Je me rappelle que depuis ce jour, je traînais dans le quartier des potes qui m'avaient emmené grimper, histoire de leur casser la tête pour qu'ils m'emmènent de nouveau. J'étais trop excité ! Une fois retourné en Belgique, j'ai trouvé une salle qui venait de s'ouvrir: Terres-Neuves. J'étais le membre nº22, et là je n'ai plus arrêté.

Massive attack, 8a, el Escorial

En ce qui concerne mes influences, disons que l?escalade et tout ce qui l?entoure m?a éduqué. J?ai beaucoup grimpé avec Benoît David quand j?avais 12-13 ans. Puis toute la bande de grosses doses comme J.F. Kopp, Roba, Thierry Bienfaisant, le Spectre... J?ai beaucoup appris de Michel Fracacreta, je crois qu?il m?a inculqué quelque chose de fondamental dans tout ce qu?on fait dans la vie: il faut prendre plaisir à ce que l?on fait, sinon cela ne sert à rien. Jean-Paul Finné aussi m?a beaucoup influencé, même si on a toujours été très différents. Et puis bien sûr toute la famille de Terres Neuves de l?époque: Isa, Marc, Pico, Patrick Kienen, Luc, Jean...

BCN: Peu de personnes savent que tu es rédacteur chez Desnivel, le VerticalRoc espagnol, peux-tu nous dire comment tu en es arrivé là et donc, quelle a été ton parcours depuis que tu as quitté la Belgique pour vivre en Espagne?

H.D.: Disons qu'à 20 ans je voulais changer d'air, et j'ai sorti l'excuse d'aller en Angleterre pour étudier la langue... Bien sûr, mon objectif était de m'installer à Sheffield et de faire un maximum de bloc. C?est une expérience qui m'a vraiment enrichi comme personne et comme grimpeur, leur éthique de l'escalade me plaît bien. Ensuite j'ai connu une fille espagnole à Sheffield, et c'est alors que j'ai pris la décision de m'installer en Espagne. C'était pas facile vu que je n'avais ni argent ni boulot.
Je me suis débrouillé en donnant des cours de français et en faisant des traductions pour Desnivel. Ensuite j'ai commencé à travailler sur le site web de Desnivel.

Feeling the wind, 7c+/8a, el EscorialBCN: En Belgique, les gens qui t'ont connu savent que tu étais surfort en bloc et dans un style de voie plutôt courte. Pour preuve, ton passage à Sheffield. Est-ce que tu préfères toujours ce style de pratique et si oui, pourquoi?

H.D.: D'office ! Je n'ai pas commencé à grimper à Terres-Neuves pour rien. En fait j'aime tous les styles d'escalade : les dalles, les dévers, les voies courtes ou longues,. Je m'en fous, j'aime bien grimper en général, même si c'est vrai qu'il y a des styles où je suis plus fort, comme en bloc par exemple. A ce sujet, je me rappelle que quand j'étais plus jeune je disais: 'cette voie est nulle!'. Jean Paul me répondait toujours : « ce n'est pas nul, c'est intéressant ». On se foutait de lui mais il avait complètement raison.
J'adore les voies courtes, mais en Espagne, elles font toutes plus de 25 mètres!

 

BCN: Vu du plat pays, l?Espagne, encore plus que le Sud de la France, regorge d?un potentiel inépuisable de falaises. Peux-tu donner quelques conseils à tous ceux qui voudraient s?y rendre un de ces quatre ? Où faut-il aller et quelles sont les périodes de l?année que tu recommandes pour la pratique?

H.D.: Tout bien réfléchi, je crois que l?Espagne regorge de beaucoup plus de falaises qu'en France. Ici il y a du caillou partout, pas seulement dans le sud. On peut grimper toute l'année, même si en été il est préférable de grimper dans le nord du pays. En vrac je dirais, Quiros, Teverga (pour l?été), Cuenca, El Vellón, La Pedriza, El Escorial et Salamanca pour le bloc, le Pays basque, la Catalogne... Il y en a tellement qu?on arrive même plus à les citer...

Karma, 8a, Franchard Cuisinière, BleauBCN: D?un autre côté, la Belgique regorge d?un potentiel inépuisable de salles. Avec ton expérience, penses-tu que ce soit le meilleur outil pour progresser?

H.D.: C?est sûr, surtout pour la compète. En Espagne, les salles d?escalade sont vraiment nulles, même celles qui ont une réputation sont moins intéressantes que Terres Neuves il y a 10-12 ans par exemple. Des grimpeurs comme Josune (ndlr : Josune Bereciartu) sont très forts en falaise, mais pas en compétition; ça a sûrement quelque chose à voir.
La salle est un bon outil pour progresser si tu n?a pas la chance de pouvoir grimper tous les jours en falaise, car dans tous les cas, il est toujours plus intéressant de grimper en rocher, ne serait-ce que du point de vue de la technique,. La meilleure façon de progresser c?est de prendre plaisir dans ce que l?on fait. Si tu n?as pas envie de faire des voies, fais du bloc, ou de longues voies ou ce que tu veux, peu importe. Personnellement, je n?arrêterai jamais de grimper car quand j?en ai marre de faire quelque chose, je change tout de suite. L?escalade a un avantage, elle offre cette richesse.

La deuxième partie...